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9 juillet 2016 6 09 /07 /juillet /2016 16:59
Ces éleveurs qui ne vont plus à l’abattoir...

Ils ont élevé leurs animaux avec amour, en sachant qu’ils doivent mourir. Ils les destinent à une mort sans souffrance. Exemple avec Stéphane Dinard, en Dordogne.

Ses longs cheveux et sa boucle d'oreille lui donnent des allures de pirate. Mais, à sa façon, Stéphane Dinard est justement un pirate qui enfreint délibérément la loi et qui sait ce qu'il risque : une amende salée, voire la prison.

Le vaisseau de Stéphane Dinard, ce sont d'immenses prairies où paissent une douzaine de vaches noires dexter, une race irlandaise, paisible et rustique, faite pour le grand air. L'élevage se trouve à une heure d'autoroute de Bordeaux, près de Montpon. Stéphane Dinard élève aussi des porcs gascons et quelques moutons ainsi que des poules, malgré la présence menaçante du renard.

Si ce Périgourdin de 47 ans marche en dehors des clous, c'est que, depuis presque dix ans, il tue ses animaux chez lui et refuse de les amener à l'abattoir de Chalais, proche de son exploitation.

Décision prise bien avant que l'association L214 s'illustre sur les réseaux sociaux. « Je ne conteste pas leur travail, souligne Stéphane Dinard, mais de toute façon, pour L214, je suis aussi un criminel puisque je tue mes bêtes. Je suis un éleveur, pas un collectionneur. »

« Belle vie, belle mort »

Un éleveur qui veut vivre de son exploitation et qui n'y parvient pas, d'où la nécessité d'un autre travail. Et qui veut surtout que ses bêtes meurent aussi bien qu'elles ont vécu. « Une belle vie, une belle mort », résume-t-il.

C'est en 2005 que Stéphane Dinard, après être revenu de Paris, où il étouffait, et lassé de vivoter dans l'intérim, a repris l'ancienne exploitation de ses grands-parents. L'année d'après, il amène une partie de ses cochons à l'abattoir de Chalais. Il en revient en se promettant : « Plus jamais ça. » « Je ne mets pas en cause cet établissement, dit-il. Mais j'ai perçu le stress et la souffrance des animaux quand on les embarque en direction de l'abattoir. Le cochon est un animal très sensible qui comprend tout de suite ce qu'il va lui arriver. » C'est certes par amour (sincère) de ses animaux que l'éleveur prend sa décision, mais aussi parce qu'un animal stressé produit de la moins bonne viande.

À l'arrière de sa maison, Stéphane Dinard a fait construire une cabane, carrelée au sol, où un boucher professionnel, évidemment en accord avec sa philosophie, vient découper l'animal, tué d'une balle de 22 long rifle entre les deux yeux, vite fait bien fait.

Les morceaux sont ensuite stoc- kés dans une chambre froide avant d'être vendus à des consommateurs qui, eux aussi, savent parfaitement dans quelles conditions a été abattu l'animal. « Ça ne marche qu'avec le bouche-à-oreille puisque, sans contrôle vétérinaire, je n'ai pas le droit de vendre à un boucher », explique l'éleveur périgourdin.

À visage découvert

Selon ce dernier, peu de monde, y compris dans son village, est au courant de ses pratiques. Ou plutôt l'était, car Stéphane Dinard a décidé de sortir de la clandestinité en allant à l'Assemblée nationale témoigner devant la commission d'enquête présidée par Olivier Falorni (lire ci-dessous). « Si on reste cachés, rien n'évoluera », dit-il, acceptant même d'être filmé.

Il était accompagné de Jocelyne Porcher, directrice de recherche à l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) de Montpellier, qui dénonce le système de l'abattage industriel depuis 1997 et fédère le mouvement « Quand l'abattoir vient à la ferme », avec des éleveurs (de plus en plus nombreux, assure-t-elle), la Confédération paysanne, ainsi que des associations de consommateurs et de protection des animaux.

« Toute notre démarche vise à rendre légale une approche morale à l'égard des bêtes », affirme-t-elle, consciente des obstacles. « Le système d'abattage industriel est en cohérence avec le système de production industrielle. Les gros abattoirs ont des baisses de volume, ils ne vont pas voir d'un bon œil les éleveurs qui tuent leurs animaux chez eux, et ils sont bien plus puissants qu'eux. » « Nous ne sommes pourtant pas concurrents, ajoute Stéphane Dinard. Nous ne représentons que de petites quantités. »

Devant la commission, Jocelyne Porcher et Stéphane Dinard ont évoqué l'exemple suédois, pays où de petits abattoirs mobiles, sous forme de camions parfaitement équipés, se rendent dans les fermes. « Cela existe aussi en Hongrie ou en Allemagne, précise la chercheuse. Alors pourquoi pas en France ? »

Le documentariste Franck Ribière, grand amateur de viande et auteur de « Steak (r)évolution », a d'ailleurs conclu mercredi les travaux de la commission en annonçant son souhait d'importer un de ces abattoirs mobiles. « Il faudra veiller à ce que ces véhicules ne tombent pas dans les mains des abattoirs industriels, qui y appliqueraient leurs cadences », prévient Jocelyne Porcher.

Reste à savoir ce que préconisera la commission Falorni. « Elle a entendu beaucoup de monde, je ne sais pas ce qui peut en sortir », avoue-t-elle, pas très optimiste. « L214 fait aujourd'hui le buzz avec ses vidéos, mais moi, dès 2013, j'avais envoyé mon livre blanc des abattoirs à une centaine de députés. Trois seulement m'avaient répondu. »

« La vraie question, c’est le bien-être animal »

Olivier Falorni a présidé la commission d’enquête sur les abattoirs. Le député (PRG) de Charente-Maritime est favorable, à titre personnel, à l’expérimentation des abattoirs mobiles .

« Sud Ouest » Connaissiez-vous ce système d’abattage à la ferme avant le début des auditions ?
Olivier Falorni Non, et c’est pourquoi nous avons voulu entendre Jocelyne Porcher et Stéphane Dinard. En ouvrant les travaux de la commission, j’avais prévenu : pas de sujet tabou.
Nous avons donc parlé de l’abattage rituel comme de l’abattage clandestin. Nous avons entendu aussi bien les patrons d’abattoir que les associations « vegan ».
Le témoignage de M. Dinard était sincère, intelligent et courageux. En tant que législateurs, nous ne cautionnons pas une pratique illégale, mais nous devons la prendre en compte, parfois justement pour adapter la loi.
En échappant au contrôle vétérinaire, M. Dinard peut faire courir des risques aux consommateurs.
Absolument, même si les consommateurs achètent en connaissance de cause. C’est pourquoi cette situation ne peut plus durer, dans un sens comme dans l’autre. Aujourd’hui, personne, sauf une minorité, ne peut nier que l’abattoir représente un progrès incontestable sur le plan sanitaire. En ce sens, la pratique de M. Dinard, si respectable soit-elle, est passéiste.
La vraie question, aujourd’hui, est celle du bien-être animal et, sur ce plan, l’abattage à la ferme offre plus de garanties qu’à l’abattoir. Il est vrai également que le lien ancien entre l’éleveur et l’abattoir a aujourd’hui disparu. L’abattoir est devenu un univers fermé et opaque.

----->>> Lire tout l'article

http://www.sudouest.fr/2016/07/08/ces-eleveurs-qui-ne-vont-plus-a-l-abattoir-2428050-1318.php

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commentaires

F
Merci mais ce sont ces éleveurs (peu nombreux pour l'instant) qui'il faut encourager dans cet amour qu'ils ont pour les animaux qu'ils ont élevés et destinés à nous nourrir noblement!
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C
Superbe. bravo
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