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15 mai 2016 7 15 /05 /mai /2016 11:37

[...]cette loi est loin d’être suffisante. Elle n’aura pas les moyens de peser sur les grandes politiques agricoles, de transports ou industrielles qui portent le plus atteinte à la biodiversité. Prenons l’exemple du tristement célèbre projet d’aéroport de Notre-Dames-des-Landes (Loire-Atlantique). La loi n’aurait pas empêché le groupe Vinci de demander, et d’obtenir, des dérogations à la loi sur l’eau – l’aéroport doit s’étendre sur 1 220 hectares de zone humide et de terres agricoles – et celle sur les espèces protégées – qu’il faut déménager.>

Tout l’enjeu réside dans la notion de compensation. Depuis la loi de 1976, l’idée est que tout maître d’ouvrage doit « éviter, réduire et compenser » les impacts de ses projets sur les milieux naturels. Or, le projet de loi sur la biodiversité insiste surtout sur la compensation, en généralisant ce qui n’était alors qu’une expérimentation : des réserves d’actifs naturels, gérées par des acteurs privés, qui fourniront des mesures compensatoires « clé en main » aux aménageurs. Concrètement, Vinci pourrait financer la restauration de terrains ailleurs en France pour imposer son projet d’aéroport.

Un droit à détruire

Cette « compensation par l’offre » pose deux problèmes : elle donne un droit à détruire la nature ; elle laisse entendre qu’on peut remplacer ce qu’on a détruit à un endroit par un bout de nature supposé équivalent à un autre endroit. Or, nombre d’études scientifiques ont prouvé que la fonctionnalité des écosystèmes restaurés n’atteint jamais celle de ceux détruits, tant il est difficile de récréer des milieux constitués au fil des siècles.

Au final, comment ne pas craindre une « financiarisation de la biodiversité », comme l’a dénoncé l’ancienne ministre de l’écologie, Delphine Batho, lorsque même le vocabulaire – créer des banques de compensation, transférer des actifs naturels – est calqué sur celui de l’économie ?

La même logique marchande se retrouve aussi dans le concept de « services écosystémiques » rendus par la nature, devenu ces dernières années la seule façon de justifier la protection de la biodiversité. Le bien-être et même la survie des hommes dépendent bel et bien de fonctions remplies par les écosystèmes, qu’il s’agisse de la pollinisation, de la productivité des terres, de l’assainissement de l’air et de l’eau, ou encore du rôle des forêts pour stocker le CO2 ou endiguer l’érosion côtière. Mais la nature ne saurait être réduite à la seule notion de bénéfices pour l’être humain, comme le rappelle la philosophe de l’environnement Virginie Maris dans Philosophie de la biodiversité (Buchet-Chastel, 2016).

Cette logique impliquerait de donner à la nature une valeur uniquement monétaire, et de poser la question de sa préservation en termes de coût-avantage. Or nous avons une responsabilité morale à protéger notre environnement. Il n’y a pas de dualité qui verrait les humains d’un côté et la nature de l’autre. Nous faisons partie de cette nature, et nous devons la partager avec toutes les espèces, les brebis comme les loups.

---->>> Extrait de l'article

http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/01/18/la-nature-un-bien-marchand_4849060_3232.html

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