En Aquitaine, en 2014, 392 000 ha sont utilisés par des bâtiments, jardins, pelouses, routes
et parkings...L'expansion des zones d'habitat, le renforcement des voies de communication et le
déploiement des zones d'activités, ainsi que l'augmentation de la population, de plus en plus
gourmande en espace : 1200m2 par habitant en 2014 contre 1100m2 en 2006, soit 100m2 de
plus par Aquitain en 8 ans expliquent la disparition de ces 50 000ha de terres agricoles ou
naturelles
En Aquitaine la part d'artificialisation varie du simple au double : ainsi la Gironde, le plus vaste
département d'Aquitaine et de France avec 12,8 % de sols artificialisés se positionne au 20e
rang des départements les plus artificialisés, à l'opposé, les Landes département plus petit avec
ses 6,9 % de sols artificialisés se situe au 73e rang
Entre 2006 et 2014, l'artificialisation s'est étendue à tous les départements : +7000 ha en
Dordogne (+ 9%), +17 000ha en gironde (+17%)
- Premiers moteurs de cette artificialisation : croissance démographique et économique
La région gagne 27 000 habitants par an soit l'équivalent d'une ville comme Bergerac, en
paralèle, en matière de mode de vie, il y a une diminution du nombre de couples, une
augmentation des personnes seules, conséquence, d'un côté on constate une croissance de la
population,des ménages plus nombreux d'une taille moindre (2,9 pers par ménage en 1975,
contre 2,2 pers en 2013) mais qui aspirent à plus d'espace en matière de logement que ce soit
en collectif ou individuel
Noter que le bâti qui ne forme que le quart de l'habitat gagne 12 % en huit ans alors que les
sols artificialisés liés à l'habitation : pelouses, piscines, terrasses, progressent de 20 % (le
marché de vente des piscines privées en France est le 2e marché mondial après les USA)
- Transports dans les Landes et les Pyrénées Atlantiques
En matière d'aménagement du territoire, l'Aquitaine a connu une période de grands travaux
consommateurs d'espaces en particulier au niveau des infrastructures routières : création
Langon-Pau, contournements Bergerac, Lacanau, Dax, Aire sur Adour…
Entre 2006 et 2014 avec une hausse de 13 000ha, les infrastructures enregistrent une hausse
soutenue de +12 %, les Landes et les Pyrénées Atlantiques les plus concernées avec
respectivement chacun 20 % d'accroissement sur 8 ans .
- secteur économique avec ses zones d'activités
Commerces, industries, services publics ou non, sports et loisirs progressent de 14 000 ha sur la
période 2006-2014 soit 1000 ha de plus que les transports…
- 2013-2014 coup de frein par prise de concience, ralentissement économique ?
Pourtant, l'étalement urbain se poursuit, l'artificialisation progresse autour de certaines
agglomérations : métropole bordelaise, Arcachon, Mont de Marsan, Périgueux, Bergerac,
BAB…
De nouvelles zones artificialisées apparaissent le long des infrastructures de transport ou
de nœuds de communication comme le long de l 'axe Bordeaux-Arcachon,
de la A64 , A89, A10 , A63
En 2013 2014, il y a un ralentissement économique traduit par un repli des mises en chantier et
des autorisations de logements individuels (-14 % en 2014)
Serait-ce un effet de la mise en place des commissions départementales de consommation des
espaces agricoles (CDCEA) créées en 2010 pour lutter contre l'artificialisation des terres
agricoles ?
- Les terres agricoles subissent une déprise au profit des sols naturels ou un changement
d'affectation, ainsi du fait de la crise de l'élevage, on assiste au lent déclin des prairies au profit
des cultures céréalières
Ainsi en Gironde, sur les 17 000ha de terres agricoles perdues, 9000 ha rejoignent les sols
naturels, et les 8000 ha restants sont consommés par le bâti.
- Baisse des sols boisés et hausse des landes et friches
La forêt recule : en 8 ans les surfaces boisées ont perdu 37 000ha. Du fait de la tempête Klaus
en 2009 et malgré les travaux pour reconstituer le massif sinistré à plus de 40 %, les parcelles
« non reconstituées » ont été comptabilisées en 2014 par l'enquête Teruti-Lucas en « friches et
landes »
par contre la forêt de feuillus progresse de +7 %, celle des résineux se replie de -6 %
En Gironde, 60 000ha de forêt recencés en 2006, qui, suite à Klaus, sont en 2014 toujours à
l'état de friches (leur état de « friche » justifie force projets de ZAC, de centrale photovoltaïque
au sol…)
En 8 ans, 15 000ha de sols boisés « non économiquement productifs » disparaissent,
depuis 2006, bosquets, haies, ou alignements d'arbres, qu'ils soient à caractère
agricole ou d'habitation, ont perdu le quart de leurs surfaces, cette perte affecte
l'ensemble des départements aquitains mais ce phénomène est plus marqué en
Gironde, dont un tiers de ses haies et bosquets a été détruit : remembrement,
disparition des parcelles à vocation agricole, mécanisation des cultures,
méconnaissance des rôles des haies, agriculture intensive ?
Fc
d'après Agreste Aquitaine déc 2015 n°94 Analyses et résultats Enquête Teruti-Lucas 2014
Comment stopper l'inexorable érosion des terres agricoles ?
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