Sous un soleil radieux, nous découvrons ce jour là les marais de Braud et Saint Louis et de St Ciers sur Gironde.
Ces marais, issus de la poldérisation des vasières s'étendent en rive droite de l'estuaire de la Gironde et offrent à nos yeux une alternance de parcelles cultivées et de prairies, les parcelles en eau destinées à la pratique de la chasse à la tonne, ce paysage de bocage que ponctuent roselières, ripisylve et boisement de feuillus offrent gîte et couvert à de nombreux oiseaux.
Les "Marais de Braud et Saint Louis et Saint Ciers sur Gironde" ont été désignés en 2006 au titre de la Directive Habitats , zone de protection spéciale: Natura 2000. Ce site couvre un territoire de 11 081ha répartis entre la Gironde et la Charente maritime, l'agriculture constitue la principale activité économique avec une activité céréalière (maïs) au détriment de l'élevage.
Premier arrêt route de la Ceinture près de Blaye : Marais de St Ciers sur Gironde ou marais de Saint Denis : nous entendons un Rossignol chanter : il est arrivé début avril : les oiseaux sont très en retard cette année, un Pouillot véloce lui répond. Nous remontons le long d'un fossé au talus bordé d'Anthrisque ou Cerfeuil sauvage aux hautes tiges ornées de fleurs blanches en ombelles, si sa racine est toxique les jeunes feuilles et fleurs sont comestibles au goût plus fort que le cerfeuil : attention à ne pas la confondre avec la cigüe!
Dans les ronces, Marie Françoise aperçoit une couleuvre verte et jaune se chauffant au soleil : un Milan noir plane dans le ciel; à la cime d'un arbre une Fauvette à tête noire. Un bosquet de chênes, acacias, peupliers borde la prairie, grâce à lunette sur pied de Marie Françoise nous discernons un nid de Faucon hobereau, un nid qui à l'origine est un nid de corneille, là où il y a de l'eau et des marais, il y a des chasseurs d'où les "tonnes" de chasse.
Le Rossignol nous charme à nouveau, il a un répertoire très varié. Le Rossignol se nourrit essentiellement d'insectes tels que carabes, fourmis capturés au sol: il passe son temps au sol ou près d'arbustes. C'est un oiseau discret, on l'entend plus qu'on ne le voit et il ne chante pas que la nuit, nous en avions la démonstration. Une Cisticole des joncs, comme son nom l'indique, elle apprécie les prairies aux hautes herbes, les marais et ses roseaux, c'est un oiseau assez difficile à observer car cachée par les tiges des grandes herbes, elle se reconnait à son vol rapide et ondulé: ces lisières de marais sont très fréquentées: un Loriot qui vient d'arriver d'Afrique, c'est un mâle nous précise Marie Françoise qu'elle a identifié à son chant, on le reconnait nous explique-t-elle à sa livrée jaune d'or, ses ailes , dos et queue noirs. une Fauvette des marais, celle-ci fait son nid dans les joncs, une Bergeronnette printanière au ventre jaune vif, qui a la bonne idée de prendre la pose sur une branche de roncier pour la photo! C'est un oiseau nicheur (petit rappel: les oiseaux nicheurs construisent leur nid pour s'y reproduire, à distinguer des oiseaux hivernants qui se reproduisent sur un autre territoire), la Bergeronnette printanière est un oiseau nicheur et est un migrateur, ceux de chez nous repartent en Afrique, par contre la Cisticole est sédentaire, elle reste chez nous toute l'année, elle volète de joncs en joncs pour récupérer des matériaux et construire son nid. Un Loriot lui aussi vient d'arriver, une Fauvette des marais affairée à construire son nid dans les joncs, un Chardonneret élégant reconnaissable à son masque rouge vif et à sa longue queue noire tachetée de blanc, au bec court et conique adapté aux graines (abondant cet hiver à nos mangeoires) , au loin entre les roseaux nous distinguons une Aigrette garzette que nous identifions grâce à son long bec noir et à ses pattes noires, elle se rencontre dans le marais pendant la saison de reproduction, elle aime les eaux peu profondes fouillant la vase de son long bec pointu.
Marie Françoise attire notre attention sur un Busard des roseaux, elle nous explique qu'il niche au sol dans les roselières, c'est un oiseau sociable qui dort en groupe dans des dortoirs. Il est sédentaire, sauf les populations nordiques qui descendent chez nous pour passer l'hiver, mais avec le changement climatique, on en voit l'hiver en Hollande. Au dessus de nos têtes, un Busard saint martin, un couple de Busard cendré, jusqu'à il y a peu, le marais abritait une trentaine de couples de Busard cendré...Nous avons droit à un ballet aérien : Milan noir, Milan royal planent dans le ciel (ces derniers migrent en groupe) le Milan royal migre en même temps que les grues, une Cigogne, deux spatules, cous et pattes allongées en prolongement du corps (au contraire du héron qui a le cou enfoncé) planent dans le ciel bleu, haut dans le ciel un Circaète jean le blanc, le Circaète se nourrit de serpents: la position des ailes permet de reconnaitre les rapaces, ainsi le Milan en vol a les ailes qui retombent, la Buse que l'on reconnait à sa queue arrondie et le Busard des roseaux ont au contraire les ailes relevées, quant au Circaète Jean le blanc il fait du sur place avant de plonger à la verticale.
Un arrêt sur la route de Port de Callonges près d'un chenal (panneau anti éolien car il y a un projet d'éoliennes dans le marais) vol de canards souchets, Bruant des roseaux, Aigrette garzette, Gorge bleu sur un roseau; des hérons pourprés, découverte totale pour les profanes que nous sommes, le Héron pourpré a un plumage brun roux, un bec long jaune et noir, oiseau impressionnant d'autant qu'ils étaient perchés au sommet d'arbustes entourés de vaches paissant dans les prés, le Héron pourpré apprécie marécages et roseaux, actuellement la population serait en régression du fait de la disparition des zones humides: c'est un oiseau migrateur. Des hirondelles rustiques qui nichent à l'abri sous un pont enjambant le canal, on entend des aigrettes "caqueter"...La découverte éblouissante de tous ces oiseaux nous permet de réaliser combien ces milieux de marais leur sont essentiels pour faire escale, s'y nourrir et se reproduire.
Nous traversons cette "Terre d'oiseaux" émerveillés pour rejoindre Braud et Saint Louis et sa fameuse "centrale" entourée d'une réserve ornithologique. De l'observatoire de la réserve, nous observons tout un monde évoluant au-dessus, sur et autour du marais: Faucon crécerelle, Cygne majestueux, Cigogne sur son nid en train de couver, Foulque macroule, canards souchet plongeant en choeur, toute cette vie frémissante, avec en arrière plan la "centrale"...
Pique nique au Port de Callonges, petit port à échouage sur l'estuaire vivant à l'heure des marées pour les entrées et sorties de bateaux. En haut d'un arbre, un Rouge queue à front blanc indifférent à notre admiration, pousse son chant mélodieux: c'est un transsaharien insectivore
Sur la route du retour en direction de Braud et Saint Louis, Marie Françoise nous fait découvrir une "heronnière" très animée le soir quand les hérons rejoignent leurs nids tout en haut des arbres et c'est là, que nous "abandonnons" Marie Françoise...
Ce fut une journée merveilleuse, riche en découvertes à la fois, de zones humides, véritables réservoir de biodiversité, qui nous confirment leur rôle vital car berceaux de la biodiversité, qu'il est essentiel de protéger pour les humains et les générations futures, en ces temps de changement climatique.
Fc
Pour aller plus loin:
----->>> http://www.oiseaux.net/
---->>> https://www.lpo.fr/
---->>> https://www.ramsar.org/fr/a-propos/limportance-des-zones-humides
---->>> Depuis les années 2000, le secteur des Marais du Blayais est classé en zone Natura 2000.
https://www.documentation.eauetbiodiversite.fr/notice/00000000015e57aa3ef8845ce134c197
---->>> les documents http://217.16.12.157:8083/documentation/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=5077
---->>> 5 atouts des zones humides face au dérèglement climatique
https://www.fne.asso.fr/dossiers/zones-humides-r%C3%A9chauffement-climatique-catastrophe-naturelle
---->>> Sur le projet d'éoliennes dans le Blayais
Projet éolien dans l’estuaire de la Gironde : des habitants de Mortagne et d’Epargnes sont « vent debout » « Nous aurons la double peine, une centrale nucléaire et bientôt des éoliennes »
http://nicolebertin.blogspot.com/2018/03/projet-eolien-dans-lestuaire-de-la.html
- un article de Sud ouest
https://www.sudouest.fr/2018/03/17/du-nucleaire-a-l-eolien-4288600-1462.php
