environnement biodiversité Nature St Médard en Jalles RADIOACTIVITE DANS L'ENVIRONNEMENT AUTOUR DE LA CENTRALE NUCLEAIRE DU BLAYAIS Retombées radioactives et chimiques par Daniel Delestre Sepanso Gironde - Le blog de naturjalles.over-blog.com
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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 18:30

centrale-nucleaire-Blayais.jpg

 

Radioactivité dans l'environnement autour de la
centrale nucléaire du Blayais

Retombées radioactives et chimiques

par Daniel Delestre, Président de la Sepanso Gironde

 

 

Comme toute centrale nucléaire en activité, la centrale du Blayais rejette nombre de produits radioactifs et chimiques dans la nature. La Commission Locale d'Information Nucléaire (CLIN) du Blayais a fait procéder à deux expertises de l'environnement autour de la centrale par un laboratoire indépendant (ACRO - Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest).

Les premières investigations réalisées en 2010 portaient sur les eaux superficielles et souterraines (1). L'étude réalisée en 2011, et diffusée en 2012, vise à établir une analyse plus fine et plus complète de l'environnement autour de la centrale en intégrant de nouvelles matrices telles que la faune et la flore aquatiques, les sédiments et le couvert végétal sur une zone géographique relativement large (2).Les radionucléides et substances chimiques recherchés sont essentiellement ceux potentiellement rejetés par une installation nucléaire.

On trouvera ci-dessous les principaux résultats de cette étude 2011.

Ces résultats confirment, pour ceux qui en doutaient encore, que l'énergie nucléaire est loin d'être l'énergie propre vantée par certains.

Les quatre réacteurs de la centrale du Blayais atteignent trente ans d'âge et de plus en plus nombreux sont ceux qui souhaitent la mise à l'arrêt totale et définitive de ceux-ci.

Outre les aléas liés aux opérations de démantèlement, combien faudra-t-il d'années pour effacer les traces laissées par cette centrale sur les écosystèmes de l'estuaire de la Gironde ?

Les dernières révélations sur la présence de fissures sur les cuves de 22 réacteurs nucléaires (3) ne peuvent qu'aviver les inquiétudes sur la fiabilité de ce type d'installation.

Résumé de l'étude réalisée en 2011 par l'Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest (4)

I- Les éléments radioactifs

Les radioéléments tritium, carbone 14 et césium 137 ont été mis clairement en évidence. Un autre radioisotope, le nickel 63, a également été détecté, ainsi que dans la précédente étude, en faible quantité. Peu d'informations sont disponibles concernant la présence de ce radioélément dans l'environnement des installations nucléaires.

Le tritium

Le tritium est l'élément le plus rejeté, par voie liquide, par une installation nucléaire. Il était jusqu'à récemment considéré comme faiblement toxique. Il est actuellement au cœur de nombreux débats scientifiques et sa radiotoxicité est réévaluée à la hausse.

 

La radioactivité du tritium est estimée à 0,5 Becquerel par litre (Bq/L) dans les fleuves hors influence d'une installation nucléaire. Dans l'eau de mer elle est inférieure à 0,1 Bq/L.

Lors de la première étude de 2010 la présence de tritium a été observée dans l'estuaire de la Gironde ainsi que dans les canaux à proximité de la centrale avec une activité comprise entre 7 et 13 Bq/L. Les valeurs obtenues en 2011 sont comparables avec celles de 2010.

Le tritium est donc détecté significativement dans l'eau de l'estuaire avec des valeurs bien au dessus de celles couramment observées dans les fleuves. La présence de tritium dans l'eau de l'estuaire est clairement due aux effluents de la centrale.

Le carbone 14

Le carbone 14 est majoritairement rejeté par voie gazeuse par les centres nucléaires.

La radioactivité en carbone 14 de l'environnement terrestre est en moyenne de 235 Becquerel par kg de carbone (Bq/kg de C).

Dans cette étude, il a été mesuré dans les roseaux (entre 200 et 500 Bq/kg), dans les crevettes et les anguilles (entre 100 et 500 Bq/kg) et dans le couvert végétal (entre 150 et 450 Bq/kg).

Un marquage en carbone 14 de l'environnement du Blayais est donc bien mis ici en évidence.

Le césium 137

Le césium 137 est un radioélément artificiel dont la présence peut être due à la rémanence des essais atmosphériques, à l'accident de la centrale de Tchernobyl et aux effluents du CNPE du Blayais.

Il est présent dans la nature avec des concentrations qui peuvent varier d'un facteur 10 d'un échantillon à l'autre. Ainsi dans les champignons, des activités variant de 10 à 100 becquerel/kg (Bq/kg) ont été mesurées suivant les régions de France.

En 1993 une campagne de mesures de la radioactivité dans l'estuaire de la Gironde a été réalisée par le Centre d'Études Nucléaires de Bordeaux Gradignan à la demande de la CLIN. La radioactivité en césium 137 me-surée sur les sédiments et les algues était comprise entre 4 et 8 Bq/kg.

Dans la présente étude, le césium a été mis en évidence dans les sédiments (entre 3 et 7 Bq/kg), dans les crevettes et les anguilles (autour de 0,1 Bq/kg), dans les sols (entre 4 et 9 Bq/kg).

Les valeurs mesurées autour du CNPE du Blayais sont du même ordre de grandeur que celles obtenues sur le territoire français.

II- Les substances chimiques

Deux substances chimiques en particulier ont été détectées dans les échantillons, l'hydrazine et l'EDTA (Ethylène Diamine Tetra Acétique).

La première est essentiellement utilisée comme antioxydant dans le circuit primaire de l'installation. C'est une substance toxique avec effet cancérigène.

La seconde est un puissant détergent utilisé dans de nombreux domaines. Elle est considérée comme irritante.

L'hydrazine

Le CNPE du Blayais présente dans son magazine d'information mensuel “Lumières” les quantités d'hydrazine rejetées dans les effluents liquides, mais aucune mesure n'est apparemment réalisée dans l'environnement.

 

 

L'hydrazine a déjà été détectée dans l'eau de l'estuaire lors de l'étude ACRO de 2010. On note aujourd'hui sa présence dans les crevettes, avec une valeur significativement au-dessus de la limite de détection de l'appareil de mesure.

Néanmoins, selon la réglementation et les connaissances en cours, ces résultats ne donnent pas de dangerosité potentielle ni aiguë, ni chronique pour l'homme et les animaux car la valeur mesurée est 50 fois inférieure à une valeur limite moyenne d'exposition acceptable (communication du Laboratoire Départemental).

L'EDTA

Aucune donnée concernant la présence d'EDTA dans les rejets n'est fournie dans les rapports du CNPE du Blayais.

Lors de l'étude 2010, l'EDTA a été mise en évidence dans les eaux de l'estuaire.

Dans l'étude 2011, l'EDTA y est toujours observée. Sa présence est également avérée dans les sédiments. Cependant, les valeurs obtenues sont 100 fois inférieures à une valeur limite de toxicité (Laboratoire Départemental).

 

 

(1) Etude des eaux superficielles et souterraines aux alentours du site nucléaire du Blayais (ACRO - 2010) : www.acro.eu.org/RAP110111-BLY-v1.pdf

(2) Etude de la radioactivité dans l'environnement autour du CNPE du Blayais (ACRO - 2011-2012) : www.acro.eu.org/Etude%20ACRO%20CNPE%20%20Blayais%202011.pdf

(3) Des soupçons sur les cuves de 22 réacteurs nucléaires (Le Monde - Pierre Le Hir - 10/08/12)

(4) Extrait des résultats synthétisés par Mme Françoise HUBERT, physicienne nucléaire experte auprès du bureau de la CLIN, pour l'Assemblée Générale de la CLIN du Blayais du 05/07/2012

   Article paru dans Sud Ouest Nature : revue trimestrielle de la sepanso n°157(déc 2012)

-> Sepanso 33 http://www.sepanso.org/gironde/

 

 

 

 

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