Réservoirs d'eau à la centrale nucléaire de Fukushima en février 2012. Kimimasa Mayama/AP/SIPA
Nettoyer, stocker, détruire... Très critiquées pour leur gestion au plus fort de la crise, les autorités japonaises s'étaient lancées dans
un chantier tous azimuts pour reconquérir
les territoires contaminés. Un reportage paru dans le n°781 de mars 2012 de Sciences et Avenir.
RUSTIQUE. Un week-end, Mikio Sato voit débarquer chez lui une vingtaine de volontaires vêtus de masques et de combinaisons de protection venus de tout le pays. Pendant deux jours, ils ramassent les feuilles mortes dispersées dans sa cour, arrachent l’herbe et raclent la terre avant d’entreposer ces déchets dans des sacs en plastique remisés dans un coin de la propriété. Quelques jours plus tard, des ouvriers d’une entreprise privée recrutée par la mairie prennent le relais.
La méthode est rustique mais les résultats encourageants : la radioactivité est divisée par cinq, passant de 3 microsieverts/heure à de 0,6 à 0,8 microsievert/h devant le domicile. « Je leur suis très reconnaissant », assure aujourd’hui cet agriculteur de 70 ans. L’homme, son épouse et ses deux fils habitent une grande maison traditionnelle, sise sur le flanc d’une colline colorée à Date, une commune située à 60 kilomètres de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima-Daiichi.
En octobre, sa maison a été ainsi l’une des premières à bénéficier d’une opération de décontamination. Un choix qui ne doit rien au hasard : elle se trouve en effet dans un hot spot (« point chaud »), où la radioactivité dépasse largement la limite des 20 millisieverts/an au-dessus de laquelle les habitants doivent – théoriquement – évacuer. Mais Sato et sa famille ont toujours refusé de partir, préférant porter en permanence un dosimètre individuel autour du cou et plaçant de grands espoirs dans l’opération de dépollution.
737 écoles, 306 garderies, 93 centres pour enfants et 1317 maisons décontaminés
1ère partie
2e partie
...
Dans les faits, les opérations de décontamination sont très difficiles à mettre en place. « A ce jour, aucune
ville n’a vraiment été décontaminée, admet Suzuki Katumasa, en charge du dossier à la préfecture de Fukushima. Des endroits ont été ponctuellement nettoyés, comme les écoles et quelques
maisons, voilà tout. » Dans de nombreux établissements scolaires de Fukushima, la couche supérieure de la cour de récréation a été raclée avant d’être entreposée dans un gros trou creusé sur
place. Une solution de stockage loin d’être optimale, mais l’entreposage des déchets est le casse-tête numéro un des autorités.