Par un coefficient de marée 113, et un faible soleil, Naturjalles découvre les oiseaux migrateurs: Pinsons du Nord, Linottes, Roitelets... en route pour l'Espagne ou l'Afrique.
La conche du Mimbeau est délimitée par une "digue" de sable naturelle en évolution constante: elle sépare le bassin d'Arcachon de la presqu'île du Cap Ferret. Cette conche se vide et se remplit en fonction des marées: à marée basse ses vasières constituent une source importante de nourriture pour les oiseaux d'eau spécialisés comme les limicoles dont le long bec leur permet de rechercher les invertébrés dans la vase: les oiseaux se nourrissent à marée basse: la conche étant à l'abri des tempêtes. Nous contournons la conche par un sentier bordé de buissons et de pins, la marée basse nous permet de voir des salicornes tapissant les fonds vaseux découverts par la marée. La partie haute de la conche n'est jamais recouverte par la mer: le banc de sable faisant barrière, en bordure de cette conche se trouve la zone des "44 ha" restée sauvage, ce petit coin de verdure est très prisé par les célébrités et personnes fortunées.
Le banc du Mimbeau en but aux tempêtes hivernales n'est jamais immergé est ensemencé d'oyats pour fixer le sable, à marée basse s'offrent à nos yeux un écosystème riche et complexe: la vasière est bordée de plantes qui ont la faculté de s'adapter à l'eau saumâtre, sorte de prés salés ou schorres que colonise une plante invasive la spartine anglaise au même titre que le baccharis ou faux cotonnier.
La presqu'île du Cap Ferret offre aux oiseaux migrateurs une halte de choix particulièrement à marée basse: les vasières offrant nourriture et repos à des milliers d'oiseaux venus d'Europe du Nord: limicoles, laridés, bernaches, canards, passereaux et rapaces survolant le Cap Ferret;
Marie Françoise attire notre attention sur un tout petit oiseau aux mouvements vifs semblant ramper sur les branches d' un buisson: un Roitelet triple bandeau nom dû aux trois bandes avec la bande du milieu orange sur le sommet de la tête et une bande blanche au-dessus de l'oeil, les roitelets font partie des plus petites espèces d'oiseaux d'Europe, le Roitelet triple bandeau comme son cousin le Roitelet huppé se nourrit essentiellement d'insectes et ses besoins sont énormes en période de migration: il inspecte branches et rameaux de conifères en hauteur de préférence mais au besoin il peut chercher sa nourriture au sol mais ne
consomme que ce qui est visible y compris des graines, Pouillot véloce, Troglodyte mignon s'activent.
Une odeur douce flotte dans l'air, Marie Françoise explique qu'en hiver nous ne verrons plus ces petits passereaux partis en Espagne du Sud: les "transsahariens" sont déjà passés, si on les capture pour les baguer par exemple , on s'aperçoit qu'ils ont emmagasiné de la graisse sous la peau au niveau de la fosse claviculaire, ils sont alors prêts pour le voyage, les oiseaux qui traversent la Méditerranée ont les ailes plus longues.
Les oiseaux sont fidèles à leurs sites de migration ou d'hivernage, un oiseau peut vivre 4-5 ans, on entend alors le chant d'un Bruant zizi car le temps est doux au Mimbeau.
Nous rencontrons sur le banc du Mimbeau une végétation particulière soumise à la salinité, au vent et aux mouvements sableux: oyats pour fixer la dune, Armoise, Panicaut, Criste marine, Euphorbe, Immortelle des dunes aux belles touffes dressées couronnées de fleurs jaunes globuleuses, Renouée maritime aux tiges noueuse et dures presque ligneuse à la base, Soude brûlée en buisson ( de ses cendres était autrefois extraite la soude utilisée dans la fabrication du verre ou la lessive).
Un Grand Gravelot aux longues pattes oranges parcourt la vasière à la recherche d'invertébrés , c'est une espèce nicheuse vulnérable en France, venu pour hiverner, un Bécasseau variable rejoint par un Chevallier gambette aux pattes rouges,côté bassin on aperçoit une bande d'une dizaine d'Huitriers pies qui nichent sur Arguin, dans la vase côté conche on aperçoit un Tournepierre, un Bécasseau variable et une mouette "islandaise" d'après les quelques lettres décryptées à travers la longue-vue puissante de Marie Françoise, car Madame la mouette portait une bague à la patte droite.
Nous avançons sur le banc dunaire jusqu'à un petit bosquet de pins et un magnifique yucca dressant ses hampes fleuries vers le ciel, un vol de pinsons envahit les branches de pins suivit par des roitelets tous affairés, des goélands se reposent sur la vase, nous savourons l'harmonie et la beauté de cet espace marin.
Les limicoles vivent au rythme des marées et se regroupent à marée haute sur des "reposoirs" correspondant aux parties supérieures de l'estran.
Sur le chemin du retour, nous avons la joie de voir un Roitelet ramper prestement sur les tiges d'un buisson, une femelle Roitelet triple bandeau identifiée et photographiée par Marie Françoise, émouvant tableau!
Une merveilleuse matinée ensoleillée refermait doucement ses pétales en attendant la prochaine sortie...
Un grand merci à notre guide!
Françoise
- Quelques références:
- Important afflux de Roitelets huppés en Europe de l'Ouest durant l'automne 2015
- VIGIE Nature un réseau de citoyens qui fait avancer la science (sciences participatives)
http://vigienature.mnhn.fr/page/pour-tous
- http://www.oiseauxdesjardins.fr/
- un livre: Guide de la flore des dunes littorales de la Bretagne au sud des LANDES:sous la dir de Jean Favennec- éd Sud Ouest
