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1 avril 2015 3 01 /04 /avril /2015 21:27
LGV : le grand bluff de la compensation écologique (comme pour les autres travaux portant atteinte à notre environnement)
Les impacts sur la biodiversité des LGV seront importants (comme ils ont été importants entre Tours et Bordeaux) : c’est un des motifs de l’avis négatif de la commission d’enquête sur les projets de LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne. Et ce malgré les mesures de compensation, consistant à restaurer ailleurs des écosystèmes, que SNCF Réseau (ex RFF) n’a pas encore détaillé. D’ailleurs, aucun bilan des opérations menées lors de précédents gros chantiers (A65, LGV Tours-Bordeaux) n’est disponible.

« Les impacts sur la biodiversité, après réduction et compensation, seront plus importants que “faibles à négligeables” », estime la commission d’enquête publique dans son rapport sur le Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO). C’est une des principales critiques au projet, qui vaut un avis négatif des enquêteurs à sa déclaration d’utilité publique.

Dans le dossier du maître d’ouvrage, SNCF Réseau (ex RFF), le terme « développement durable » est pourtant cité 1247 fois. Une préoccupation partagée par le président de la région Aquitaine Alain Rousset qui annonce fièrement dans Sud Ouest, le 6 décembre 2014 :

« Les mesures environnementales prévues pour plus de 1 milliard d’euros permettront de préserver les écosystèmes, de reboiser et de limiter l’impact de l’infrastructure. »

Promis-juré : les dégâts causés aux 4830 hectares d’espaces naturels dont 2800 de forêts par le chantier de la future LGV seront entièrement com-pen-sés ! Mais cet argumentaire a du mal à tenir la route.

« Sur tout ce qui est dérangeant, RFF n’a donné aucune précision » analyse Philippe Barbedienne, directeur de la Sepanso, la fédération aquitaine des associations de protection de la nature.

Concernant la compensation par exemple, où trouver 2800 hectares d’espaces disponibles à reboiser ?

« Impossible, soutient Philippe Barbedienne. Il y aura donc des tentatives – si le projet se fait – pour négocier des compensations financières. »

Même si on trouvait des terrains disponibles, ce serait pour y planter quoi ? Préserver les écosystèmes sous-entendrait de les recréer à proximité du chantier LGV. Va-t-on replanter la hêtraie relique du Ciron traversée par les lignes ?

« Comme on le voit pour l’A65, les compensations sont obligatoires mais pas in situ, commente Monique Di Marco, vice-présidente du Conseil régional d’Aquitaine, en charge de l’Environnement et de l’Adaptation au changement climatique ; on peut les faire à 100 km de là ! Si on détruit une zone humide, on ne va pas la recréer à proximité. »

Selon Philippe Barbedienne, « pour l’A65, on ne sait pas s’ils ont reboisé ni où ».

Les forêts-galeries menacées

Au sud de la Gironde, le projet de LGV prévoit de traverser de nombreux cours d’eau. Trois viaducs seraient construits sur le Ciron, le Barthos et la Gouaneyre (dans les Landes). Au moins 30 affluents seront coupés par le passage des lignes. Des buses devraient selon RFF assurer l’écoulement des eaux, mais selon la Sepanso, il serait « fortement perturbé par les remblais » nécessaires au passage des lignes sur ces zones humides. Par ailleurs RFF n’avance aucun retour d’expérience certifiant que la petite faune semi-aquatique (invertébrés, amphibiens…) pourra franchir ces buses. Les forêts-galeries de la la Douze et du Ciron seraient ainsi impactées.

Surtout, selon l’unité de recherche BIOGECO de l’INRA Bordeaux, le chantier menace dans la vallée du Ciron une hêtraie relique vieille de 40 000 ans et son écosystème. L’étude BIOGECO avertit « des risques d’apport ou de dissémination de plantes envahissantes –Robinier faux acacia, Raisin d’Amérique- susceptible d’entraîner une altération des milieux ».

Pour « compenser » le défrichement de massifs boisés sur le tracé de la LGV Tours-Bordeaux, l’opérateur (le groupement d’entreprises COSEA) affirme que « 1350 hectares vont être replantés d’ici 2017, soit une surface supérieure à celle défrichée ». Pour mener à bien ces actions, COSEA s’est entouré de partenaires : des propriétaires privés souhaitant boiser leurs terrains, les Centres régionaux de la Propriété forestière et la Société forestière de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC).

Les propriétaires se portent volontaires pour mettre à disposition leurs terres dans le cadre de ces mesures de compensation. COSEA prend en charge les travaux de reboisement (études, préparation des sols, plantations et entretien) durant les 3 premières années ; de son côté, le propriétaire s’engage par convention à maintenir l’état boisé pendant vingt ans.

Ce qui amène deux remarques : d’une part, nulle part n’apparaît l’obligation de compenser à proximité des biotopes dévastés, avec les mêmes essences d’arbres ce qui relativise la portée de l’opération. D’autre part cet engagement de compensation n’est que provisoire, puisque l’engagement du propriétaire terrien n’est que de vingt ans. COSEA a d’ailleurs l’honnêteté de préciser que « toutes les candidatures ne sont pas forcément retenues. La surface, la localisation des parcelles, les caractéristiques des sols, le choix des essences font partie des critères de sélection ».

La notion de compensation est très floue, autorisant à peu près tout comme le confirment les informations recueillies par la Sepanso. Par exemple, quand a été construite la déviation du Haillan (agglomération bordelaise), le chantier a détruit une forêt de feuillus. L’enquête de la Sepanso a révélé qu’on avait replanté du pin maritime, après avoir drainé et traité le terrain avec des désherbants.

« Une forêt industrielle, déplore Philippe Barbedienne. On a détruit un écosystème pour en créer un totalement différent. »

Idem en Dordogne : un reboisement a été mené suite à la tempête de 1999. Les territoires impactés étaient composés de forêts mixtes, feuillus et résineux. Mais on a replanté du pin maritime.

La compensation implique-t-elle un déplacement des espèces pour recréer la même biodiversité à proximité ?

« Il n’y a pas de déplacement d’espèces la plupart du temps, donc elles ne se renouvellent pas ! lâche Philippe Barbedienne. Si on compense en “sauvant” une parcelle équivalente ailleurs, on ne peut pas dire “on a sauvé telle espèce”, parce que cette parcelle avait déjà sa population, sa biodiversité. Cette biodiversité ne va pas doubler : la parcelle ne va pas accueillir des “réfugiés” de la LGV ou de l’autoroute ! »

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http://rue89bordeaux.com/2015/04/lgv-le-grand-bluff-de-la-compensation-ecologique/

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